Vous vous demandez pourquoi ce carburant à moins d’un euro le litre reste si confidentiel en France ? La réponse tient à un cocktail explosif de choix politiques, d’héritage industriel et de perception publique.
Le GPL (Gaz de Pétrole Liquéfié) ne représente aujourd’hui que 0,5% du parc automobile français avec environ 200 000 véhicules, alors que l’Europe compte 15 millions d’automobilistes qui ont fait ce choix. Cette situation paradoxale s’explique principalement par trois facteurs : une fiscalité moins attractive que chez nos voisins européens, un réseau de distribution insuffisant avec seulement 1 500 stations GPL sur le territoire, et l’héritage du « tout diesel » qui a dominé la stratégie énergétique française pendant des décennies. Les constructeurs français ont longtemps privilégié la technologie diesel au détriment des alternatives comme le GPL, créant un cercle vicieux : faible offre, faible demande, faible investissement.
Pourtant, les pays comme l’Italie, la Pologne ou l’Allemagne ont réussi à développer des marchés GPL florissants grâce à des politiques incitatives cohérentes et un soutien industriel constant. Avec la transition énergétique en cours et l’évolution des mentalités face aux zones à faibles émissions (ZFE), le GPL pourrait bien sortir de l’ombre… si certaines conditions sont réunies.
Les freins qui maintiennent le GPL à l’écart du marché français
La France entretient une relation compliquée avec le GPL, et les raisons de cette méfiance remontent à plusieurs décennies de choix stratégiques discutables.
Pourquoi la fiscalité et l’infrastructure freinent-elles l’essor du GPL ?
La taxation française du GPL reste moins avantageuse que chez nos voisins européens, malgré un prix affiché sous la barre de l’euro. Contrairement à l’Italie ou à la Pologne qui proposent des exonérations fiscales substantielles, la France maintient une approche tiède qui décourage les investissements privés. Le réseau de distribution souffre également de cette frilosité : avec seulement 1 500 stations GPL réparties de manière inégale sur le territoire, l’autonomie devient un véritable casse-tête pour les automobilistes.
Principales mesures fiscales défavorables :
- Absence d’exonération totale de TICPE (Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Énergétiques)
- Réduction fiscale limitée à 0,37 €/litre contre 0,60 €/litre en Italie
- Suppression progressive des aides à la conversion GPL depuis 2018
- TVA à taux plein sans dérogation spécifique
- Absence de bonus écologique pour l’achat de véhicules GPL neufs
| Région | Nombre de stations GPL | Ratio habitants/station |
|---|---|---|
| Île-de-France | 180 | 67 000 |
| Auvergne-Rhône-Alpes | 165 | 48 000 |
| Nouvelle-Aquitaine | 140 | 42 000 |
| Occitanie | 135 | 43 000 |
| Provence-Alpes-Côte d’Azur | 120 | 42 000 |
| Grand Est | 110 | 50 000 |
| Hauts-de-France | 105 | 57 000 |

Mais ce n’est pas tout…
Comment l’histoire industrielle française a-t-elle façonné cette situation ?
L’industrie automobile française a longtemps misé ses cartes sur le diesel, créant un écosystème défavorable aux carburants alternatifs 😤. Renault et PSA ont développé une expertise reconnue mondialement dans la motorisation diesel, bénéficiant du soutien de l’État français qui voyait dans cette technologie un moyen de réduire la dépendance énergétique. Cette stratégie a relégué le GPL au second plan, privant ce carburant des investissements en recherche et développement nécessaires à son essor.
Chronologie des décisions clés :
- 1990-2000 : politique française de soutien massif au diesel avec fiscalité préférentielle
- 1999 : incident de Vénissieux qui ternit l’image du GPL auprès du grand public
- 2000-2010 : les constructeurs français concentrent leurs efforts R&D sur les technologies diesel Euro 4 et Euro 5
- 2008 : première tentative de relance du GPL avec le plan gouvernemental, résultats mitigés
- 2015 : scandale Volkswagen qui remet en question le diesel, mais trop tard pour le GPL
- 2018 : suppression des dernières aides spécifiques au GPL dans le cadre de la transition énergétique
Les constructeurs français ont ainsi créé un cercle vicieux : en privilégiant massivement le diesel pendant trois décennies, ils ont privé le marché français d’une alternative crédible et accessible. Cette orientation stratégique explique pourquoi la France compte aujourd’hui si peu de modèles GPL dans les gammes des marques nationales, contrairement aux constructeurs italiens ou allemands qui ont maintenu une offre diversifiée.
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Les modèles de réussite européens et l’avenir du GPL en France
Alors que la France peine à développer son marché GPL, certains de nos voisins européens ont transformé ce carburant en véritable SUCCESS STORY grâce à des politiques volontaristes.
Quels pays européens ont fait du GPL un succès et comment ?
L’Italie et la Pologne dominent le marché européen du GPL avec des stratégies diamétralement opposées mais tout aussi efficaces. L’Italie mise sur une fiscalité ultra-avantageuse et un réseau dense de stations-service, tandis que la Pologne a développé une industrie locale de conversion performante. Ces pays prouvent qu’une politique cohérente peut transformer un marché de niche en alternative crédible pour des millions d’automobilistes.
| Pays | Véhicules GPL | Prix moyen ( €/L) | Politique publique clé | Stations GPL |
|---|---|---|---|---|
| Italie | 2,3 millions | 0,65 | Exonération fiscale totale | 4 200 |
| Pologne | 2,8 millions | 0,58 | Soutien à l’industrie de conversion | 6 800 |
| Allemagne | 370 000 | 0,79 | Bonus écologique véhicules GPL | 6 900 |
| Pays-Bas | 270 000 | 0,72 | TVA réduite sur installations | 2 100 |
| République Tchèque | 180 000 | 0,61 | Exemption péages autoroutiers | 900 |
Et maintenant, la question qui brûle toutes les lèvres…
Le GPL peut-il encore rattraper son retard dans la transition énergétique française ?
Les zones à faibles émissions (ZFE) qui se multiplient dans les métropoles françaises offrent une seconde chance inespérée au GPL. Avec sa vignette Crit’Air 1, ce carburant permet de circuler librement dans les centres-villes quand les diesels anciens sont bannis. Les nouvelles réglementations environnementales européennes, notamment la norme Euro 7, pourraient également rebattre les cartes en faveur des motorisations GPL qui émettent naturellement moins de particules fines et d’oxydes d’azote.
Évolutions réglementaires récentes favorables :
- Extension des ZFE à 45 agglomérations françaises d’ici 2025
- Maintien du classement Crit’Air 1 pour tous les véhicules GPL
- Intégration du bioGPL dans les objectifs de carburants renouvelables
- Assouplissement des normes de sécurité pour les installations GPL
- Reconnaissance du GPL dans la taxonomie européenne des énergies de transition
- Possibilité de stationnement en parking souterrain pour les véhicules GPL récents
Le bioGPL, produit à partir de déchets organiques, pourrait même transformer ce carburant fossile en solution partiellement renouvelable. Avec un prix stabilisé autour de 0,85 €/litre et une offre constructeur qui s’étoffe peu à peu, le GPL dispose encore de quelques atouts pour séduire les automobilistes français en quête d’alternatives abordables.

