Le carburant à moins d’1 € le litre que la France boude (et qui pourrait faire trembler l’essence)

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De Nicolas

Vous vous demandez pourquoi ce carburant à moins d’un euro le litre reste si confidentiel en France ? La réponse tient à un cocktail explosif de choix politiques, d’héritage industriel et de perception publique.

Le GPL (Gaz de Pétrole Liquéfié) ne représente aujourd’hui que 0,5% du parc automobile français avec environ 200 000 véhicules, alors que l’Europe compte 15 millions d’automobilistes qui ont fait ce choix. Cette situation paradoxale s’explique principalement par trois facteurs : une fiscalité moins attractive que chez nos voisins européens, un réseau de distribution insuffisant avec seulement 1 500 stations GPL sur le territoire, et l’héritage du « tout diesel » qui a dominé la stratégie énergétique française pendant des décennies. Les constructeurs français ont longtemps privilégié la technologie diesel au détriment des alternatives comme le GPL, créant un cercle vicieux : faible offre, faible demande, faible investissement.

Pourtant, les pays comme l’Italie, la Pologne ou l’Allemagne ont réussi à développer des marchés GPL florissants grâce à des politiques incitatives cohérentes et un soutien industriel constant. Avec la transition énergétique en cours et l’évolution des mentalités face aux zones à faibles émissions (ZFE), le GPL pourrait bien sortir de l’ombre… si certaines conditions sont réunies.

Les freins qui maintiennent le GPL à l’écart du marché français

La France entretient une relation compliquée avec le GPL, et les raisons de cette méfiance remontent à plusieurs décennies de choix stratégiques discutables.

Pourquoi la fiscalité et l’infrastructure freinent-elles l’essor du GPL ?

La taxation française du GPL reste moins avantageuse que chez nos voisins européens, malgré un prix affiché sous la barre de l’euro. Contrairement à l’Italie ou à la Pologne qui proposent des exonérations fiscales substantielles, la France maintient une approche tiède qui décourage les investissements privés. Le réseau de distribution souffre également de cette frilosité : avec seulement 1 500 stations GPL réparties de manière inégale sur le territoire, l’autonomie devient un véritable casse-tête pour les automobilistes.

Principales mesures fiscales défavorables :

  • Absence d’exonération totale de TICPE (Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Énergétiques)
  • Réduction fiscale limitée à 0,37 €/litre contre 0,60 €/litre en Italie
  • Suppression progressive des aides à la conversion GPL depuis 2018
  • TVA à taux plein sans dérogation spécifique
  • Absence de bonus écologique pour l’achat de véhicules GPL neufs
RégionNombre de stations GPLRatio habitants/station
Île-de-France18067 000
Auvergne-Rhône-Alpes16548 000
Nouvelle-Aquitaine14042 000
Occitanie13543 000
Provence-Alpes-Côte d’Azur12042 000
Grand Est11050 000
Hauts-de-France10557 000
Pompe à essence pour autogaz connectée à un adaptateur noozle pour remplir le réservoir de la voiture à la station-service.
Remplissage d’un réservoir GPL.

Mais ce n’est pas tout…

Comment l’histoire industrielle française a-t-elle façonné cette situation ?

L’industrie automobile française a longtemps misé ses cartes sur le diesel, créant un écosystème défavorable aux carburants alternatifs 😤. Renault et PSA ont développé une expertise reconnue mondialement dans la motorisation diesel, bénéficiant du soutien de l’État français qui voyait dans cette technologie un moyen de réduire la dépendance énergétique. Cette stratégie a relégué le GPL au second plan, privant ce carburant des investissements en recherche et développement nécessaires à son essor.

Chronologie des décisions clés :

  • 1990-2000 : politique française de soutien massif au diesel avec fiscalité préférentielle
  • 1999 : incident de Vénissieux qui ternit l’image du GPL auprès du grand public
  • 2000-2010 : les constructeurs français concentrent leurs efforts R&D sur les technologies diesel Euro 4 et Euro 5
  • 2008 : première tentative de relance du GPL avec le plan gouvernemental, résultats mitigés
  • 2015 : scandale Volkswagen qui remet en question le diesel, mais trop tard pour le GPL
  • 2018 : suppression des dernières aides spécifiques au GPL dans le cadre de la transition énergétique

Les constructeurs français ont ainsi créé un cercle vicieux : en privilégiant massivement le diesel pendant trois décennies, ils ont privé le marché français d’une alternative crédible et accessible. Cette orientation stratégique explique pourquoi la France compte aujourd’hui si peu de modèles GPL dans les gammes des marques nationales, contrairement aux constructeurs italiens ou allemands qui ont maintenu une offre diversifiée.

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Les modèles de réussite européens et l’avenir du GPL en France

Alors que la France peine à développer son marché GPL, certains de nos voisins européens ont transformé ce carburant en véritable SUCCESS STORY grâce à des politiques volontaristes.

Quels pays européens ont fait du GPL un succès et comment ?

L’Italie et la Pologne dominent le marché européen du GPL avec des stratégies diamétralement opposées mais tout aussi efficaces. L’Italie mise sur une fiscalité ultra-avantageuse et un réseau dense de stations-service, tandis que la Pologne a développé une industrie locale de conversion performante. Ces pays prouvent qu’une politique cohérente peut transformer un marché de niche en alternative crédible pour des millions d’automobilistes.

PaysVéhicules GPLPrix moyen ( €/L)Politique publique cléStations GPL
Italie2,3 millions0,65Exonération fiscale totale4 200
Pologne2,8 millions0,58Soutien à l’industrie de conversion6 800
Allemagne370 0000,79Bonus écologique véhicules GPL6 900
Pays-Bas270 0000,72TVA réduite sur installations2 100
République Tchèque180 0000,61Exemption péages autoroutiers900

Et maintenant, la question qui brûle toutes les lèvres…

Le GPL peut-il encore rattraper son retard dans la transition énergétique française ?

Les zones à faibles émissions (ZFE) qui se multiplient dans les métropoles françaises offrent une seconde chance inespérée au GPL. Avec sa vignette Crit’Air 1, ce carburant permet de circuler librement dans les centres-villes quand les diesels anciens sont bannis. Les nouvelles réglementations environnementales européennes, notamment la norme Euro 7, pourraient également rebattre les cartes en faveur des motorisations GPL qui émettent naturellement moins de particules fines et d’oxydes d’azote.

Évolutions réglementaires récentes favorables :

  • Extension des ZFE à 45 agglomérations françaises d’ici 2025
  • Maintien du classement Crit’Air 1 pour tous les véhicules GPL
  • Intégration du bioGPL dans les objectifs de carburants renouvelables
  • Assouplissement des normes de sécurité pour les installations GPL
  • Reconnaissance du GPL dans la taxonomie européenne des énergies de transition
  • Possibilité de stationnement en parking souterrain pour les véhicules GPL récents

Le bioGPL, produit à partir de déchets organiques, pourrait même transformer ce carburant fossile en solution partiellement renouvelable. Avec un prix stabilisé autour de 0,85 €/litre et une offre constructeur qui s’étoffe peu à peu, le GPL dispose encore de quelques atouts pour séduire les automobilistes français en quête d’alternatives abordables.

Foire aux questions

Le faible développement du GPL en France s’explique par trois facteurs principaux : une fiscalité moins attractive que chez nos voisins européens, un réseau de distribution insuffisant avec seulement 1 500 stations, et l’héritage du « tout diesel » qui a dominé pendant trente ans. Les constructeurs français ont privilégié massivement la technologie diesel, créant un cercle vicieux de faible offre et faible demande.

La France compte seulement 200 000 véhicules GPL contre 15 millions en Europe, soit 0,5% du parc automobile national. Cette situation résulte de choix politiques et industriels : absence d’exonérations fiscales substantielles, investissements insuffisants dans l’infrastructure de distribution, et stratégie historique des constructeurs français axée sur le diesel plutôt que sur les carburants alternatifs.

Le GPL bénéficie aujourd’hui de nouvelles opportunités avec l’extension des zones à faibles émissions (ZFE) où sa vignette Crit’Air 1 permet de circuler librement. L’arrivée du bioGPL renouvelable et l’assouplissement des réglementations de sécurité pourraient relancer ce marché, à condition que les pouvoirs publics adoptent une fiscalité plus incitative et que les constructeurs étoffent leur offre.

Les principaux inconvénients du GPL sont le surcoût à l’achat (environ 2 000 euros), une consommation supérieure de 20% par rapport à l’essence, et une offre limitée de modèles neufs sur le marché français. Le réservoir GPL remplace souvent la roue de secours, réduisant l’espace de coffre, et nécessite un entretien spécialisé par des garagistes qualifiés.

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À propos de l’auteur

Nicolas est un véritable mordu de mécanique depuis son plus jeune âge. Issu d’une famille de passionnés d’automobiles, il a toujours eu les mains dans le cambouis et a développé au fil des années une expertise impressionnante, que ce soit sur les véhicules thermiques, électriques, les motos ou même les vélos.

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