Suppression des ZFE : ce que change le vote des députés pour les automobilistes

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De Nicolas

L’Assemblée nationale a voté le 29 mai 2025 la suppression des Zones à Faibles Émissions par 98 voix contre 51, marquant un tournant majeur dans la politique environnementale française. Cette décision concerne près de 40 agglomérations qui avaient instauré ces dispositifs pour limiter la circulation des véhicules polluants selon leur vignette Crit’Air. La coalition hétéroclite rassemblant droite, Rassemblement National et La France Insoumise a justifié ce vote par l’impact social sur les populations précaires, incapables de changer de véhicule. Les écologistes et socialistes dénoncent un « grave recul pour la santé publique » alors que 40 000 décès annuels sont liés à la pollution atmosphérique selon Santé Publique France.

Mais attention : cette suppression n’est pas encore définitive et doit franchir plusieurs étapes législatives…

Qu’est-ce qu’une ZFE et pourquoi ont-elles été créées

Les Zones à Faibles Émissions constituent un dispositif réglementaire qui restreint l’accès des véhicules les plus polluants aux centres-villes, basé sur la classification Crit’Air allant de 0 (véhicules électriques) à 5 (véhicules les plus anciens). Instaurées par la loi Climat et Résilience de 2021, elles visaient à améliorer la qualité de l’air dans les agglomérations de plus de 150 000 habitants, avec un calendrier d’interdiction progressive des véhicules selon leur niveau de pollution.

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Le vote historique de l’Assemblée nationale du 29 mai 2025

Le 29 mai 2025, l’Assemblée nationale a adopté un amendement au projet de loi de « simplification » supprimant les ZFE par 98 voix contre 51. Cette alliance inédite a réuni des députés de droite, du Rassemblement National, de La France Insoumise et même certains macronistes, créant une majorité transpartisane inhabituelle. Le gouvernement, pourtant opposé à cette mesure, a subi un véritable camouflet politique 😮. Cette décision intervient dans un contexte où 86 % des personnes consultées par le Sénat en mai 2023 s’opposaient aux ZFE, révélant un fossé entre les intentions écologiques et l’acceptation populaire de ces mesures.

Les raisons qui ont motivé la suppression des ZFE

Plusieurs arguments majeurs ont convergé pour justifier cette suppression des ZFE, révélant les tensions entre écologie et justice sociale. Voici les principales motivations avancées par les parlementaires :

  • Impact social disproportionné : près de 13 millions de Français possèdent des véhicules très polluants, souvent par contrainte économique
  • Inégalité territoriale : les populations rurales et périurbaines pénalisées pour accéder aux centres-villes
  • Difficultés de contrôle : complexité technique et coût élevé de la surveillance des restrictions
  • Absence d’alternatives : manque de solutions de mobilité accessible financièrement
  • Fracture sociale : exclusion de fait des classes populaires des centres urbains

L’impact social et économique des ZFE sur les automobilistes

L’analyse de l’impact des ZFE révèle une fracture sociale profonde, touchant particulièrement les ménages modestes qui possèdent des véhicules anciens par nécessité économique plutôt que par choix. Les 60 000 véhicules en plus concernés depuis janvier 2025 par les nouvelles restrictions illustrent l’ampleur du problème, créant une mobilité à deux vitesses où l’accès aux centres-villes devient un privilège de classe.

Les réactions politiques face à cette suppression

Le vote a cristallisé les clivages politiques autour de l’équilibre entre écologie et justice sociale. Voici les positions des principaux partis :

Parti politiquePositionPorte-paroleArgument principal
Les RépublicainsPour la suppressionEric CiottiLutte contre l’exclusion des classes populaires
Rassemblement NationalPour la suppressionDéfense du pouvoir d’achat
La France InsoumisePour la suppressionMathilde PanotAppel à des alternatives écologiques
Les ÉcologistesContre la suppressionDavid BelliardGrave recul pour la santé publique
Parti SocialisteContre la suppressionProtection de l’environnement

Les conséquences pour les grandes métropoles françaises

Cette suppression bouleverse la stratégie environnementale des grandes métropoles qui avaient investi massivement dans ces dispositifs. Lyon, pionnière avec sa ZFE instaurée dès janvier 2020, voit son calendrier ambitieux remis en question, tandis que Bruno Bernard, président écologiste de la Métropole, exprime sa « colère » face à cette décision. Strasbourg et Grenoble se retrouvent dans une situation similaire, après avoir adapté leurs politiques de mobilité autour de ces restrictions. Les collectivités locales doivent désormais repenser leurs stratégies de lutte contre la pollution, alors qu’elles avaient déjà engagé des investissements considérables dans la signalétique, les systèmes de contrôle et les campagnes de communication.

Les alternatives proposées pour maintenir la qualité de l’air

Face à cette remise en cause des ZFE, les collectivités explorent d’autres pistes pour préserver la qualité de l’air urbain. L’Eurométropole de Strasbourg mise sur le développement des mobilités alternatives malgré le manque de soutien étatique, privilégiant l’incitation plutôt que la contrainte. Les maires écologistes comme Jeanne Barseghian plaident pour des ZFE plus justes, intégrant davantage les critères sociaux dans leur mise en œuvre. Certaines métropoles envisagent de maintenir des restrictions ciblées sur les véhicules professionnels polluants, à l’image de Mulhouse qui avait limité l’impact sur les particuliers. L’accent se déplace vers l’amélioration des transports en commun, le développement du covoiturage et les aides à l’acquisition de véhicules propres.

Les risques juridiques et sanitaires de cette décision

La suppression des ZFE expose la France à des sanctions européennes, dans un contexte où elle a déjà été condamnée par la Cour de justice européenne en 2019 pour non-respect des normes de qualité de l’air. Les amendes potentielles pourraient s’avérer coûteuses pour les finances publiques, créant un paradoxe économique. Sur le plan sanitaire, cette décision intervient alors que Santé Publique France comptabilise environ 40 000 décès annuels liés à la pollution atmosphérique, soulevant des questions sur la cohérence des politiques de santé publique. Les associations comme « Respire » dénoncent une mesure « irresponsable » qui pourrait aggraver la situation sanitaire dans les centres urbains, particulièrement pour les populations vulnérables comme les enfants et les personnes âgées.

L’avenir incertain des politiques environnementales urbaines

Cette suppression marque un tournant dans l’approche française des politiques environnementales urbaines, révélant la difficulté à concilier urgence climatique et acceptabilité sociale. Le Conseil constitutionnel pourrait encore intervenir en qualifiant cet amendement de « cavalier législatif », ajoutant une incertitude juridique supplémentaire. Les prochaines étapes législatives, notamment le passage au Sénat, détermineront si cette décision sera pérennisée ou remise en question. Cette crise révèle la nécessité de REPENSER fondamentalement l’approche des restrictions environnementales, en intégrant dès la conception les critères de justice sociale et d’acceptabilité populaire. L’enjeu devient désormais de trouver des solutions innovantes qui concilient protection de l’environnement et équité sociale, sans reproduire les erreurs qui ont conduit à ce rejet massif des ZFE.

Foire aux questions

Non, le vote du 29 mai 2025 n’est qu’une première étape. La mesure doit encore être adoptée par le Sénat et pourrait être censurée par le Conseil constitutionnel s’il la considère comme un « cavalier législatif ».

Les automobilistes qui ont investi dans des véhicules moins polluants conservent leurs avantages en termes de qualité environnementale. Leur investissement reste pertinent pour d’autres restrictions locales ou futures réglementations.

Si la suppression est confirmée, les collectivités perdront la base légale des ZFE actuelles. Elles devront explorer d’autres dispositifs réglementaires pour limiter la circulation des véhicules polluants dans leurs centres-villes.

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À propos de l’auteur

Nicolas est un véritable mordu de mécanique depuis son plus jeune âge. Issu d’une famille de passionnés d’automobiles, il a toujours eu les mains dans le cambouis et a développé au fil des années une expertise impressionnante, que ce soit sur les véhicules thermiques, électriques, les motos ou même les vélos.

1 réflexion au sujet de « Suppression des ZFE : ce que change le vote des députés pour les automobilistes »

  1. La suppression des ZFE pourrait largement aggraver la pollution dans nos villes. On a vraiment besoin de penser à la santé publique!

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